samedi 29 décembre 2018



Histoire de la courte vie de Pierre Renald Ernest SEGRET.

 

de MAUZÉ-THOUARSAIS

et SAINT-MARTIN-DE-BERNEGOUE

(79) Deux-Sèvres






    Pierre, deuxième enfant d'une fratrie de trois est né au hameau du Bas-Mauzé, commune de  MAUZÉ-THOUARSAIS en nord Deux-Sèvres le 19 juin 1926 au domicile de ses parents, Théophile Marcellin SEGRET manœuvre et Marie Fernande BODIN servante.
    Il a été baptisé le même mois, ses parrain et marraine sont Ernest et Régina PICHOT, parents du côté de la mère.









Théophile Marcellin SEGRET et Marie Fernande BODIN



    A sa naissance, Pierre avait déjà un frère né de père inconnu le 13 septembre 1921 dans la maison de ses grands-parents maternels, Eugène théophile BODIN et Adélina Augustine FILLIATREAU au village des barres et enregistré sous les prénoms et nom de André Marie BODIN, il sera légitimé lors du mariage de Théophile SEGRET et Marie BODIN à MAUZÉ-THOUARSAIS le 4 octobre 1924 et prendra le nom de André Marie SEGRET. Par la suite la famille va s'agrandir avec la venue le 1er novembre 1930 dans la maison familliale du Bas-Mauzé de Camille Henri SEGRET.




Est-ce Pierre ou Camille ?
sachant que le studio DUPITIER de THOUARS
a été crée en 1924 ( source famille DUPITIER )
















André Marie à 20 ans
Camille Henri à 19 ans













Pierre à 23 ans
    Le 27 avril 1932, un an et demi après la naissance de Camille, Marie la maman décède à l'hôpital Anne DESRAYS de THOUARS des suites de maladie et laisse le papa avec trois enfants, le plus âgé n'a que 10 ans et sept mois et Pierre à peine 6 ans, Théophile va confier André à Constant et Angéline RAGON son beau-frère et sa belle-sœur qui l'élèveront à titre gratuit, Angéline étant la demi-sœur de Marie Fernande. Se retrouvant seul avec les deux autres et ne pouvant pas faire face à cette nouvelle situation, celui-ci décide peut-être pour leur garantir un avenir de les placer à l'assistance publique. C'est grâce à Angéline si les trois frères ont pu garder le contact.

    Lors de l'enquête du service des enfants assistés, le père déclare ne pouvoir gagner suffisamment pour élever ses enfants, il est noté dans le rapport qu'il vit en concubinage, réside à THOUARS, travaille irrégulièrement et dépense ce qu'il gagne en choses inutiles. Il possède une maison de peu de valeur achetée 4000 francs et sur laquelle il doit encore 3000 francs. La valeur de l'immeuble sera évaluée à 2500 francs et celle du mobilier à 500 francs. Les enfants seront conduits à l'hospice de NIORT par les soins et aux frais de la commune de MAUZÉ-THOUARSAIS. Le père disparaîtra sans laisser d'adresse jusqu'en 1983 où des généalogistes mandatés pour retrouver les héritiers suite à son décès sont arrivés jusqu'à nous.


Théophile Marcellin SEGRET beaucoup plus âgé







    André sera plus tard adopté par Angéline RAGON (jugement du tribunal de BRESSUIRE du 30 mai 1956) qui lui donnera aussi son nom de jeune fille, ( Gabriel Frédéric Constant RAGON étant décédé depuis le 17 septembre 1951 ) ce qui fait que le André Marie BODIN du départ deviendra André Marie SEGRET-CLOCHARD



Constant RAGON et Angéline CLOCHARD


    Pierre et Camille ont été admis à l'hospice de NIORT le 15 septembre 1933 et placés chez une nourrice le 18 septembre 1933, ils se retrouvent à la Roche de BRÛLAIN (sud Deux-Sèvres) chez madame veuve BARDEAU qui en avait fait la demande à l'assistance publique, madame BARDEAU étant rémunérée par le département pour accueillir des enfants de l'assistance.

    Je trouve sur le livret d'enfant assisté de Pierre le paiement des mois de pension jusqu'en juillet 1940, il a alors 14 ans et doit maintenant travailler pour subvenir à ses besoins et les versements du département s'arrêtent mais il continuera d'être visité par les inspecteurs du service jusqu'en février 1946, l'année de ses vingt ans. Pour Camille, je pense que c'est la même chose mais je n'ai pas son livret, je sais simplement qu'il a été chez monsieur Gaston BAILLON cultivateur à la Roche de BRÛLAIN, du 1er novembre 1944 au 31 octobre 1945, chez Alfred MERLET cultivateur à la Couture d'AIGONNAY, du 3 novembre 1945 au 2 novembre 1947, chez Edmond MARTEAU cultivateur à PRAILLES, du 3 novembre 1947 au 2 novembre 1948, chez Lucien MARTEAU cultivateur à Gros Bois de PRAILLES du 3 novembre 1948 au 2 novembre 1949 et en dernier chez la famille JUCHAULT à Triou de MOUGON du 3 novembre 1949 au 2 novembre 1950 toujours sous le couvert de l'assistance publique en tant qu'employé de ferme. Après sa majorité, je suppose qu'il a continué jusqu'à son mariage qui a eu lieu en 1955 mais je n'en suis pas certain. Pour le service militaire, Camille a fait ses classes à Vannes dans la 1ère 1/2 brigade de commandos coloniaux parachutistes et est parti ensuite à DAKAR en A.O.F.

    En 1958 avec son épouse il part en EURE ET LOIR, ils auront un fils en 1960 et il terminera sa carrière en Vendée après avoir exercé plusieurs métiers.






Le bateau qui a transporté Camille de MARSEILLE à DAKAR











Recensement de 1936 sur la commune de BRÛLAIN 




     Pierre a été élevé dans la religion catholique et à fait sa communion à BRÛLAIN le 16 mai 1937, je pense qu'il en a été de même pour Camille en 1941 mais je n'ai aucun document pour le prouver.







    Pierre sera reçu au certificat d'étude le 4 juin 1940 à PRAHECQ et enverra un courrier à l'inspecteur de l'hospice en charge de son suivi dès le 5 juin.






    Dès le 28 avril 1940, par l'intermédiaire du maire de BRÛLAIN, les époux RENOUX du village de Fayolle ont fait une demande à l'assistance publique pour prendre à leur service le jeune Pierre SEGRET actuellement élevé par madame veuve BARDEAU étant donné que monsieur RENOUX est mobilisé, faisant valoir que Pierre serait tout près de son jeune frère, il entrera à leur service le 1er juillet 1940 avec pour tâche de garder le troupeau et aider aux travaux de la maison pour une année et son contrat sera renouvelé les deux années suivantes, jusqu'au 30 juin 1943.



Alphonse RENOUX et son épouse Aline MARBOEUF


    Du 1er juillet 1943 au 30 juin 1944, il sera employé chez monsieur Roger BAILLON mécanicien à BRÛLAIN et du 1er juillet 1944 au 30 juin 1945, toujours chez  le même Roger BAILLON mais à NIORT (monsieur BAILLON venait de créer une entreprise de transport et par la suite a accumulé une quantité importante de véhicules de collection qui a fait la une des journaux lors de sa découverte à ÉCHIRÉ et la vente aux enchères au "salon rétromobile" de PARIS)


Monsieur Roger BAILLON et une de ses somptueuses voiture

    Du 1er juillet 1945 au 30 juin 1946 et du 1er juillet 1946 au 30 septembre 1946, Pierre sera employé comme commis de ferme chez Léopold MONTAIREAU agriculteur à PRAILLES.


Léopold MONTAIREAU


    Suite au conseil de révision il effectuera son service militaire au 4ème régiment de zouaves en TUNISIE, lors de son recrutement, il résidait à Prailles (79), il mesurait 1,67m et déclarait être ouvrier agricole. Il passera 1ère Classe le 16 avril 1947, caporal le 10 juin 1947 et sergent le 16 juillet 1947.








    A la fin de son l'armée, il se retire chez monsieur et madame RENOUX Alphonse à Fayolle de BRÛLAIN, ( c'est là sans doute qu'il a connu ma maman sa future épouse qui était une cousine de la famille RENOUX du côté MARBOEUF ) 



   Sur sa fiche matricule, le 8 février 1950, il est noté comme résident à PRAILLES, à cette époque, il était ouvrier agricole chez madame veuve Emma POMMIER (sœur de son ancien patron Léopold MONTAIREAU) à Pied L'ouaille hameau du village de PRAILLES jusqu'en novembre 1952 année de son mariage avec Marguerite Marie Madeleine Eglantine GEAY de SAINT-MARTIN-DE-BERNEGOUE. Après le mariage, Pierre et Marguerite habiterons à SAINT MARTIN et Pierre travaillera avec Aristide VILLANNEAU, beau-père de Marguerite, il fera de la mécanique auto et entre temps donnera des coups de main à monsieur et madame GOY, locataires de la ferme de la méchinerie, propriété de son épouse


Emma POMMIER née MONTAIREAU avec ma sœur




Mariage de Pierre SEGRET et Marguerite GEAY
le 15 novembre 1952
à SAINT-MARTIN-DE-BERNEGOUE




Assise au milieu, Emma POMMIER avec ma sœur sur les genoux.
A l'arrière, ma grand-mère maternelle Blanche LAIDET et son second époux Aristide VILLANNEAU.
A droite ma maman Marguerite GEAY épouse de Pierre SEGRET (c'est lui qui prend la photo)


    Le 17 octobre 1953 naîtra une fille nommée Dominique Marie Louisette puis suivra le 4 août 1955 un garçon qui s'appellera Alain André Pierre ( moi-même ).




Alain et Dominique SEGRET


    Tout se passe le mieux du monde, la famille est heureuse, Pierre passera son permis de conduire le 1er avril 1957, à cette époque c'était plus facile, Aristide VILLANNEAU son beau-père faisait office de moniteur auto-école comme il exerçait le métier de mécanicien.






    Passionné de chasse, il assumera la fonction de garde chasse à la société "La Saint Hubert" de SAINT-MARTIN et sera  aussi membre du Foyer Rural de la commune avec son épouse













    Amoureux des bécanes, Pierre avait fait l'acquisition d'une moto, malheureusement cela ne va pas lui porter chance, le 15 mai 1960         ( jour de l'inauguration de la salle des fêtes du village ) il a été tué par un chauffard en arrivant à moto près de chez ses beaux-parents où nous l'attendions, il n'avait pas encore 34 ans.







Il repose dans le cimetière communal
de SAINT-MARTIN-DE-BERNEGOUE


    Son frère André a eu trois enfants avec Louisette TOLU et est décédé à THOUARS le 24 septembre 1979, Camille a eu un fils  avec Antoinette PAIRAULT et est décédé à FONTENAY-LE-COMTE le 19 novembre 2003, ils reposent tous les deux dans le cimetière de MAUZÉ-THOUARSAIS.



    André et Louisette                     Antoinette et Camille





Mariage de André et Louisette






Mariage de Camille et Antoinette

Cimetière de MAUZE-THOUARSAIS








Jardin du souvenir de MAUZE-THOUARSAIS







    Ma maman, l'épouse de Pierre est décédée à l'hôpital de NIORT le 31 mai 2019 et a été inhumée dans le cimetière de SAINT-MARTIN-DE-BERNEGOUE avec son époux le 4 juin 2019.








Remerciements






    Je remercie sincèrement madame Madeleine BARCANON / GAUVIN de la Garnonière de SECONDIGNÉ-SUR-BELLE (petite nièce de Marie Alexandrine BARDEAU / GAUVIN) et monsieur Gilbert BAUDOUIN de La Roche de BRÛLAIN (voisin de Marie Alexandrine et de la famille BAILLON / DENOËL qui a employé Camille) pour toutes les précieuses informations qu'ils ont pu m'apporter sur le passage de Pierre et Camille chez madame veuve Eugène BARDEAU.


    Je remercie le nouveau propriétaire de la maison de Marie BARDEAU qui m'a autorisé à rentrer chez lui et à pénétrer dans la maison pour que je puisse me rendre compte dans quelles conditions ces personnes vivaient. A part un mur intérieur tombé et un béton qui remplace le sol en terre battue, rien a changé, la cheminée est toujours là tout comme l'ancien évier en pierre, le confort était vraiment rudimentaire mais ils ne devaient pas être les seuls à vivre dans ces conditions à cette époque.


    UN grand merci aussi à madame Mazouzia MADANI et à madame BILLEAU-FOUET du service d'aide sociale à l'enfance qui nous ont permis de consulter les dossiers d'enfants assistés de Pierre et Camille SEGRET.



 Informations sur la famille GAUVIN / BARDEAU





    Marie Alexandrine GAUVIN est née le 29 février 1876 à POUZOU, village de SECONDIGNÉ-SUR-BELLE, de père inconnu et de Marie Radegonde GAUVIN née le 4 octobre 1837 à BREUIL-SUR-CHIZÉ, celle-ci a reconnu sa fille le 16 mars 1876 et est décédée à SECONDIGNÉ-SUR-BELLE.

    D'une relation avec un inconnu, Marie Alexandrine a eu un enfant Jules Alexandre GAUVIN, né à l'hospice de NIORT le 12 mai 1898 et abandonné par sa mère. Jules Alexandre décèdera le 4 juin 1954 à COURANT (17) mais une descendance est toujours existante et avec laquelle j'ai des contacts, ce qui m'a permis d'étoffer ces propos.

    Marie Alexandrine va se marier ensuite le 30 septembre 1901 à SECONDIGNÉ-SUR-BELLE avec Eugène BARDEAU (domestique à MARIGNY à cette époque), né le 29 février 1864 à CHARROUX (86) de père inconnu et de Louise BARDEAU qui lui a donné son nom mais ne l'a pas reconnu officiellement. En 1866 Louise BARDEAU était domestique chez Mr  Paul LABRUGIÈRE receveur des contributions indirectes à CHARROUX mais n'avait pas d'enfant avec elle.

    Eugène et Marie ont eu un fils, Alexandre BARDEAU né le 29 avril 1902 à la BERNARDIERE de SECONDIGNÉ-SUR-BELLE et décédé le 11 octobre 1970 à VELOSNES (Meuse). il se marie à PRAHECQ le 30 janvier 1923 avec Hélène MARCHET de SAINT- MARTIN-DE-BERNEGOUE, née le 30 novembre 1901 et décédée le 12 avril 1972 à ERSTEIN (Bas-Rhin), à ce moment là, Alexandre et sa mère habitaient à BRÛLAIN, depuis quand ? on ne sait pas mais surement après les décès de Eugène et Marie Radegonde GAUVIN et Marie y restera jusqu'à son décès. Alexandre et Hélène ont eu une fille, Christiane donc je pense qu'il y a toujours de la descendance mais sans certitude, ils sont partis s'établir dans l'est de la France. Un deuxième enfant, Clément BARDEAU, viendra au monde à la BERNARDIERE le 5 août 1904 et malheureusement décèdera le 9 novembre de la même année.

    Eugène BARDEAU est décédé le 02 avril 1913 à la BERNARDIERE de SECONDIGNÉ- SUR-BELLE et a été inhumé dans l'ancien cimetière du village (à côté de l'église) aujourd'hui disparu. le nouveau cimetière a été créé en 1932, ses cendres sont soit en fosse commune, soit en ossuaire.




    Son épouse Marie Alexandrine est décédée le 26 avril 1959 à BRÛLAIN et a été inhumée dans le cimetière de la commune, sépulture dont il ne reste plus rien étant donné qu'elle n'a jamais eu de pierre tombale et qu'aucun entretien a été effectué.








    Depuis la maison de Marie Alexandrine ou Pierre et Camille ont vécu a été vendue à plusieurs reprises. D'après les renseignements que j'ai eu, il s'agissait d'une seule pièce avec un sol en terre battue et très peu d'éclairage, sans eau courante (le puits est juste devant la maison). Aujourd'hui la petite maison sert de stockage et de petit atelier et l'ancien hangar est devenu maison d'habitation.
Tout le monde dormait dans la même pièce, la nourrice dans un ancien lit à quenouilles et les enfants avaient chacun un petit lit en fer, le chauffage était assuré par une cheminée. marie cultivait un jardin et demandait aux voisins cultivateurs de lui prêter un sillon dans leur champs pour faire des légumes.
Elle avait aussi quelques chèvres et un bouc qui était loué dans les fermes voisines au moment des saillies. Tous les enfants à cette époque avaient des surnoms et Camille avait eu droit à celui de "p'tit bouc", un autre de "p'tit choux" (Michel PROUST) et ainsi de suite.





    Tous les témoignages recueillis me certifient que Marie BARDEAU était une femme courageuse et que malgré ses faibles moyens, elle à fait en sorte que les enfants dont elle avait la charge ne manquent de rien et soient élevés de la meilleure façon possible. Qu'elle en soit remerciée.





    Quand on est enfant, on ne choisit pas sa vie alors c'est ma façon de leur rendre hommage mais j'aurai préféré savoir tout ça de leur vivant.